Les élèves du club d’histoire du lycée St. Sebastian de Stegen, qui travaillent depuis plus d’un an sur les colons badois dans le Sundgau, ont pu donner une forme créative à leurs recherches lors d’un atelier „Storyboard-telling“ le 8 novembre dernier. Sous la direction de Sandra Butsch, ils ont réalisé des petites BD reprenant deux biographies du village voisin d’Unteribental. Tout comme certaines familles de la vallée de la Dreisam, la famille Ketterer a dû exploiter une ferme vide à Moernach pendant la Seconde Guerre mondiale pour approvisionner la Wehrmacht. Les maisons en question étaient inhabitées parce que leurs propriétaires avaient soit fui la tyrannie nazie (notamment lorsque le service militaire obligatoire a éte introduit pour les hommes alsaciens), soit été internés de force dans des camps de regroupement allemands.

L’enseignant qui dirige le club d’histoire, Claudius Heitz, explique : « Les récits sont racontés de la même manière des deux côtés du Rhin. Sauf en ce qui concerne la fin du régime nazi. Les Allemands racontent qu’ils ont traité les maisons comme si c’était les leurs, alors que les Français affirment n’avoir trouvé que des villages pilliés et désolés. Cela peut s’expliquer par le « trou temporel » entre le départ des Allemands et le retour des Français. On ne le sait pas. C’est certainement un vide historique difficile à combler ».

Pendant l’atelier, les jeunes ont raconté à quel point les retrouvailles inattendues de deux témoins de l’époque, à l’occasion d’une grande rencontre entre les habitants et habitantes des villages badois et des villages alsaciens, les avaient touchés. Les recherches inlassables des élèves sur ce sujet encore jamais étudié ont suscité une grande attention dans la région. Entre 1942 et 1944, le badois Bernhart Ketterer et l’alsacien André Metzger, alors enfants, avaient fréquenté ensemble l’école de Moernach. Depuis que la famille Ketterer avait dû retourner dans la vallée de la Dreisam, les deux amis ne s’étaient plus jamais revus.

En intégrant des objets, des environnements et des questions d’aujourd’hui dans les planches dessinées, les jeunes créent un pont entre le passé et le présent. Avec le concept de Sandra Butsch, la réception personnelle de l’histoire trouve toute sa place à côté de l’« Histoire ».