Anton Reinhardt, né à Weiden en Forêt Noire, grandit de manière protégée dans sa famille Sinti. Il vivait à Waldshut où il travailla en dernier lieu dans une usine de machines.

Comme tous les Sinti et Roms allemand.e.s, il tomba dans les griffes de l’État nazi. Son frère aîné fut déporté à Auschwitz en 1943, Anton fut arrêté par la Gestapo en février 1944. Il parvint à s’échapper alors qu’il était en chemin vers l’hôpital, où il devait subir une stérilisation forcée. En août, il fut de nouveau arrêté et s’enfuit de nouveau. Il avait 16 ans. C’est l’âge des adolescents du cours aujourd’hui. Anton traversa le Rhin à la nage pour se rendre en Suisse où il fut arrêté. Malgré des supplications désespérées, la police suisse l’expulsa vers l’Alsace, alors annexée de fait par l’Allemagne. Il fut à nouveau arrêté et envoyé au camp de surêté de Schirmeck-Vorbruck, puis au camp annexe de Gaggenau où il fut contraint au travail forcé pour Daimler-Benz. Il parvint de nouveau à s’évader et fut de nouveau capturé.

À la fin du mois de mars 1945, Anton fut rattrapé, lors d’une nouvelle tentative de fuite, par une unité du « Volkssturm » allemand, et condamné à mort. Le matin du 31 mars 1945, il dut creuser sa propre fosse avant qu’un SS ne le tue d’une balle dans la nuque. La seule grâce accordée à Anton Reinhardt a été d’écrire une lettre d’adieu.